18 Août 2010 : Hommage aux enfants Juifs déportés de Mont-de-Marsan

mercredi 18 août 2010
par  gabardan
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Le 18 août 2010, un hommage très émouvant a été rendu devant le Mémorial des enfants juifs déportés de Mont-de-Marsan au Parc Jean Rameau :


Au nom de notre Comité qui a initié et réalisé ce Mémorial, je vous remercie d’avoir répondu si nombreux à notre invitation. Je suis très honoré et ému de saluer et remercier de leur présence :

  • - Madame Nicole GRUNBERG, venue de Versailles, déjà présente lors de l’inauguration du Mémorial.
  • - Madame Hélène KAUFMAN, Présidente de l’Association Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie, venue de Bordeaux
  • - Madame Michèle SZTAJNER, demi-sœur d’Arlette et André SZTAJNER, venue de Reims, qui nous a soutenus tout au long du processus de réalisation.
  • - Michel SLITINSKY, historien, porte-parole des parties civiles au procès Papon.
  • - Jacques PRZEDBORZ, frère de Renée PRZEDBORZ, venu lui aussi de Bordeaux.

    Nous attendions des parentes des victimes venus d’Israël et de Washington, elles n’ont se joindre à nous aujourd’hui.

    Malgré les polémiques, grâce à ce Mémorial, les 26 enfants juifs raflés dans les Landes et assassinés à Auschwitz ont été arrachés à l’oubli et sont redevenus des acteurs de l’Histoire.

    Selon les mots de Serge Klarsfeld : "ils auront échappé à la nuit et au brouillard de l’oubli, ils seront revenus à la lumière du jour."
    Grâce à ce Mémorial qui, à notre connaissance, est le seul monument symbolisant la tentative des juifs cherchant le salut vers la zone libre, nous avons gravé dans la pierre une inoubliable page de l’histoire des Landes.

    18 août 1942. Il y a 68 ans jour pour jour ! Le Directeur du camp de Mérignac informe les préfets de Région de l’arrivée de 16 enfants juifs raflés sur la ligne de démarcation. La plupart auraient pu être sauvés car en juillet et jusqu’à vers le 20 août, les allemands refusaient de prendre les enfants. Ils étaient remis aux autorités françaises avec l’adresse des familles susceptibles de les accueillir. Pas un ne sera acheminé vers ces familles d’accueil.

    Tout au contraire, le 17 juillet 1942 le préfet Gazagne, à propos de la petite Monique CIOLEK, 3 ans, placée le 13 juillet à l’Hôpital Lesbazeilles, s’adresse au préfet de région en ces termes : "Je vous serais obligé de bien vouloir me faire connaître si une intervention auprès des autorités allemandes doit être tentée en vue de permettre à ce bébé de rejoindre sa mère au camp de concentration."

    Le 25 juillet c’est le sous-préfet Moreau de Dax qui écrit, suite à l’arrestation de Mme Gheldman et de son fils de 10 ans, Georges : "Le lendemain, les autorités d’occupation s’opposèrent, malgré deux démarches que je fis auprès d’elles, au départ de l’enfant pour Mérignac". En septembre, tous ces enfants partiront pour les chambres à gaz d’Auschwitz.

    Et Nicole Gunberg, ici présente, a témoigné en 2006 comment elle a eu la vie sauve grâce à sa mère qui s’est opposée à ce qu’elle la rejoigne au camp de Mérignac.
    Peut-on réussir, ne serait-ce qu’à imaginer, les indicibles souffrances morales et physiques que ces jeunes et innocentes victimes ont endurées dans les wagons à bestiaux qui les ont amenées de Mérignac à Auschwitz, via Drancy ?

    Deux témoignages nous sont parvenus. Celui de Georges GHELDMAN, 10 ans à l’époque : "Dax 17 juillet 1942. Ma Chère tante, Je t’écris en ce moment pour te prévenir qu’on est venu chercher maman pour la mener dans un camp de concentration pour travailler. J’ai tellement pleuré que je n’ai plus de larmes et mon cœur est fondu. On m’a arraché de maman après avoir passé la nuit dans la prison allemande, on était dix et deux enfants et ce matin elle est partie à Mérignac avec d’autres juifs où l’on va les concentrer puis ils vont partir en Allemagne. Tu écriras à cette adresse : mère Cougouille villa Marcelle, boulevard Claude Lorrin. Jojo"
    Georges sera sauvé de la déportation par le militant communiste Paul Cougouille.

    Et celui de Jeannette GRYF, 9 ans, message lancé du wagon qui l’emmenait vers Auschwitz : "Si tu reçois une lettre de papa, écris le malheur de nous et je ne sais pas si on se reverra encore, chère tante, tu seras gentille d’envoyer cette lettre à papa. Papa, on te dit bonjour pour toujours, un bonjour de nous tous et merci pour tout".Jeannette GRYF mourra à Auschwitz avec ses trois jeunes frères et deux cousins.

    Ces messages doivent rester gravés dans nos mémoires et dans celles de ceux qui nous gouvernent. Le temps du racisme, de l’antisémitisme et des exclusions doit être définitivement banni de notre pays.

    Émotion, humilité, respect. Au poids des mots nous avons voulu aujourd’hui ajouter le choc des images.

    Grâce à Serge Klarsfeld et à son Association, qui ont toujours soutenu notre initiative, nous avons pu afficher les portraits de 17 victimes.
    Regardez ces visages d’enfants qui ne demandaient qu’à vivre. Tous étaient français, à l’exception de Myriam NEUBURGER, née à Berlin.
    Tous aspiraient à une vie longue et heureuse. Les autorités nazies et leurs complices françaises en ont décidé autrement.

    Paix à leurs cendres, là-bas, à Auschwitz !

    Extrait du discours de Robert Harté prononcés ce 18 août 2010