En mémoire de Monique Ciolek 3 ans, victime de la barbarie nazie et de l’antisémitisme

vendredi 19 mai 2017
par  gabardan
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Depuis plusieurs année le nom de Monique Ciolek était rappelé lors de la cérémonie que nous organisons devant la stèle des enfants juifs, parc Jean Rameau à Mont de Marsan.

Mais nous n’avions aucune photo de cette enfant. C’est donc avec une profonde émotion que nous avons reçu, venant d’Israël , le joli visage de cette enfant victime de la barbarie.

La photographie nous est parvenue par Sophie qui habite Jérusalem. Son grand-Père Joseph avait longtemps recherché la trace de sa nièce Monique., en France, dans toute l’Europe, en Israël et même en Amérique ou en Australie. Ce n’est que plus tard qu’il a connu le sort tragique de l’enfant, mais sans savoir les conditions de sa déportation avant de décéder.

C’est la petite fille de Joseph, Sophie, qui en recherchant le nom de Monique Ciolek sur internet, a pris connaissance, via facebook, de notre association et de ses recherches. Nous avons alors échangé des documents, ceux de 1942 trouvés dans les archives départementales des Landes et cette photo qui était en la possession de Sophie.

Dorénavant les visiteurs de ce site et ceux qui participent à la cérémonie connaîtront l’image de cette enfant au visage si doux et qui nous devient si proche.

Monique est née à Paris le 24 août 1939. Son père d’origine polonaise exerçait la profession de tailleur. Il a été arrêté le 14 mai 1942 selon le motif sur sa fiche établie au camp de Beaune "en surnombre dans l’économie nationale".

Sa mère Rosa était née à Budapest et la famille habitait rue Bobillot à Montreuil. Après l’arrestation et la déportation du père, Symcham Binem Ciolek (dit Bernard) qui avait été arrêté le 14 mai 1942 à Montreuil, la mère et l’enfant cherchaient le salut en passant par Mont de Marsan.

C’est là qu’elles ont été arrêtées le 13 juillet 1942. La Maman a été enfermée dans le camp de concentration de Mérignac, puis à Drancy avant d’être déportée sans retour de Drancy vers Auschwitz où elle a été gazée le 26 août 1942,

Le 18 du même mois, le directeur de l’hôpital hospice Lesbazeilles adressait une lettre au préfet indiquant que "L’enfant CIOLEK Monique m’a été confiée le 13 juillet, la mère serait née à Budapest". Ecrit à la main sur la même lettre, une annotation ajoutée sans doute au cabinet du préfet "elle serait partie le 18 courant dans un camp de concentration".

La petite Monique restera en "détention" à l’hôpital du 13 au 18 août. Le 18 un inconnu est venu la chercher avec les 5 autres enfants juifs gardés à l’hôpital et les a emmené dans un hangar de la ferme du Pouy.
Un passeur devait les prendre pour franchir la ligne de démarcation. Hélas, en fin de matinée ce sont les policiers français qui surgissaient en se dirigeant directement vers le hangar (ce qui tend à prouver que les enfants ont été dénoncés). Ils s’emparèrent des 6 petits pour les transférer ensuite au camp de Mérignac.

Les documents d’archives attestent que c’est le Préfet des Landes d’alors qui a joué un rôle déterminant dans la déportation, A cette date là les Allemands ne demandaient pas la déportation des mineurs de moins de 16ans... et c’est le préfet qui a demandé une dérogation concernant les enfants du Pouy.

Le directeur de ce camp en informait GARAT, chargé des questions juives à la préfecture de la Gironde. Transférée à Drancy, Monique partira par le convoi n° 26 du 31 août 1942, pour le camp d’extermination d’Auschwitz. Sur sa fiche à la rubrique ’dernier domicile connu"" une simple inscription figure (ligne de démarcation, Mont de Marsan).