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Histoire tragique des enfants juifs dans les Landes 2/

jeudi 26 juillet 2012, par gabardan

LA LIGNE DE DEMARCATION

Ce sont les enfants venant de Paris et de Reims qui vont être arrêtés avec leur mère pour… tentative de franchissement de la ligne de démarcation.

Si on se réfère aux documents publiés par Serge KLARSFELD on constate que de toutes les localités situées au plus près de la fatidique ligne, Mont-de-Marsan va détenir le sinistre record du plus grand nombre d’arrestations pour ce motif, 25 sur un total de 29 recensées.

À partir des documents dont nous disposons et surtout encore une fois, grâce aux recherches de S. Klarsfeld, nous avons pu établir la chronologie de cette descente aux enfers qu’ont subie ces enfants et essayer d’imaginer ce qu’ont pu être les indicibles souffrances physiques et morales qu’ils ont endurées avant de disparaître dans les crématoires d’Auschwitz.

La première trace que l’on trouve de cette traque aux enfants remonte début juin 1942. C’est au procès PAPON que va être évoqué le sort de la petite Nicole GRUNBERG arrêtée le 4 juin à Hagetmau en compagnie de sa mère et de sa sœur aînée Jacqueline.

Le 17 décembre 1997 à la barre du tribunal de la Cour d’assises de Bordeaux l’accusé Maurice PAPON, secrétaire général à la préfecture de région de 1942 à 1944 déclare :

« Je connais bien l’affaire de la petite Nicole. Nous l’avons arrachée des mains de sa mère pour la mettre à l’abri… C’était un cruel dilemme rendre les enfants à leur mère c’était les livrer à l’anéantissement… ».

Cette déclaration était à la fois un énorme mensonge et un terrible aveu. Nicole qui n’a pas 3 ans a été arrêtée avec sa mère et sa sœur pour tentative de franchissement de la ligne de démarcation et comme les allemands à cette date refusent de prendre les enfants, Nicole sera remise aux autorités françaises et confiée aux sœurs de Saint-Vincent-de-Paul qui gèrent l’hôpital hospice Lesbazeilles à Mont-de-Marsan. Ce qui est confirmé par une lettre de sa mère en date du 20 juin, laquelle écrit : « Pauvre petite adorée… il paraît qu’elle a très bonne mine et s’amuse avec d’autres enfants… Je serais heureuse lorsque ma petite Nicole sera auprès de vous. Je suis contente que ce soit moi qui soit arrêtée et pas elle ».

Nicole sera sauvée et à l’invitation de notre association elle viendra témoigner le jour de l’inauguration du Mémorial érigé au parc J. Rameau à Mont-de-Marsan par notre association le 16 octobre 2006.

Papon n’y est strictement pour rien. Mais sa déclaration révèle que, dès juin 1942, les hauts fonctionnaires de Vichy connaissaient le sort qui était réservé aux juifs : l’anéantissement ! Ce qui ne les empêchera pas de déployer un zèle sans faille pour leur arrestation et déportation.